Exploitation du Registre pour une meilleure connaissance des blessures des accidentés de la route (Reg-Trauma)

La DSR s’appuye sur les données du Registre pour décrire et dénombrer les blessés par accident de la route. L’objectif du projet Reg-Trauma est de produire des statistiques descriptives sur les blessés graves ou non qui seront introduites dans le Bilan annuel qu’elle produit, et d’une estimation nationale du nombre de victimes MAIS3+. Ce projet présente l’avantage de mettre en place une collaboration sur la durée. Il a été reconduit en 2019 pour une nouvelle période de quatre ans (contrat Reg-Trauma2).

Concernant les statistiques descriptives fournies à partir du Registre, une description de l’ensemble des blessés de la route dans le Rhône a été réalisée. Les atteintes sévères (AIS4+) pouvant mettre en jeu le pronostic vital se situent principalement à la tête et au thorax, et dans une moindre mesure, à l’abdomen ou à la colonne. Un dixième des blessés hospitalisés ont une durée de séjour supérieure ou égale à 1 mois.

Les lésions responsables de séquelles majeures se situent majoritairement à la tête, aux membres inférieurs et à la colonne. Les séquelles neurologiques se manifestent par des céphalées, troubles psychoaffectifs et émotionnels, troubles mnésiques, déficit moteur et/ou sensitif, épilepsie, troubles de la communication ou état végétatif persistant. A la colonne, les séquelles de lésions médullaires sont des paraplégies ou tétraplégies ou des douleurs résiduelles en cas d’atteinte ostéo-ligamentaires. Il peut aussi s’agir de paralysie totale ou partielle du membre supérieur secondaire à l’atteinte du plexus brachial. Les séquelles de lésions orthopédiques (membre inférieur et ceinture pelvienne) peuvent se décliner sous forme de troubles de la marche, troubles moteurs ou sensitifs, ou d’amputations ; d’atteinte génito-sphinctérienne en cas de fracture complexe du bassin. Ces éléments figurent dans le Bilan annuel de l’insécurité routière, publié par l’Onisr.

Concernant l’estimation nationale du nombre de victimes, il s’agit de fournir à la commission européenne une estimation du nombre de blessés graves chaque année, avec comme définition du blessé grave, le MAIS 3+ = Maximum AIS égal à 3 ou plus (pour une personne avec plusieurs blessures, on retient le score maximum de gravité de ses blessures), et où AIS= Abbreviated Injury Score, allant de 1 à 6.

Or en France comme dans tous les pays développés, les victimes d’accidents de la circulation sont enregistrées par les forces de l’ordre: forte sous-déclaration, et surtout biais, mais aussi évaluation non médicale de leur gravité. Le Registre est le seul recueil de données des victimes d’accidents de la route en France disposant de ce critère médical, basé sur une échelle traumatologique internationale (Abbreviated Injury Scale). De plus, le Registre, visant l’exhaustivité sur une zone géographique délimitée (le département du Rhône) apparaît comme un outil incontournable pour estimer, au niveau national, le nombre de blessés graves selon ce nouveau critère

En effet, l’existence sur la même zone géographique (le Rhône), du Registre et du recueil des forces de l’ordre, permet, au moyen d’une méthode de capture-recapture, d’estimer, sur ce département, le nombre total de blessés de la route, incluant ceux qui ne sont enregistrés par aucune des deux sources. Entre cet effectif total estimé, et l’effectif selon les forces de l’ordre, nous estimons les coefficients de correction du sous-enregistrement (des données des forces de l’ordre). Nous les appliquons alors à l’échelon national, aux données des forces de l’ordre (sous l’hypothèse d’homogénéité des pratiques d’enregistrement des blessés par les forces de l’ordre sur le territoire métropolitain) et nous obtenons alors des estimations nationales. Ainsi, pour 2016 le nombre de blessés toutes gravités à l’échelle nationale est estimé à 249 500 blessés, dont 16 800 blessés graves (MAIS3+).

Ces estimations permettent également de mieux mesurer les enjeux de santé publique, en faisant par exemple ressortir les effectifs de blessés graves un peu plus élevés parmi les usagers de deux-roues motorisés (6 000/an) que parmi les automobilistes (5 500/an) alors que les tués sont respectivement trois fois moins nombreux.

Jusqu’à présent, les modèles étaient construits sur la période 2006-2016. Un travail est actuellement conduit pour les construire sur la période 2006-2020. Cela implique de tenir compte dans les données des forces de l’ordre, de changements de logiciel de saisie, d’une moindre fiabilité à partir de 2018 de leur critère hospitalisé (oui/non), et du côté du Registre, du changement de version de l’AIS

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Amoros E, Casez C, Adelli M, Ndiaye A, Gadegbeku B, Charbotel B, et al. Blessés de la route en France : combien, quelle gravité, quelles caractéristiques ? par capture-recapture sur deux sources de données (registre traumatologique et données des forces de l’ordre). Congrès Adelf-Émoi, 12-13 mars 2020. In : Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique, 2020, vol. 68, suppl 1, p. S6–7. https://doi.org/10.1016/j.respe.2020.01.011

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