MAIS3+ : estimer le nombre de blessés graves par accidents de la route

En France comme dans tous les pays développés, les tués par accident de la circulation sont bien dénombrés à partir des données des forces de l’ordre. Les blessés en revanche sont mal recensés : sous-déclaration et évaluation non médicale de leur gravité. Ainsi, la Commission Européenne demande à ses États membres de fournir, à partir de 2015, une estimation fiable du nombre de blessés graves, définis selon un critère médical, le M.AIS 3+, basé sur une classification traumatologique, l’AIS (Abbreviated Injury Scale).

Le registre est le seul recueil de données des victimes d’accidents de la route en France disposant de ce critère médical. Visant l’exhaustivité sur une zone géographique délimitée, le département du Rhône, il apparaît, aux yeux des pouvoirs publics, comme un outil incontournable pour estimer, au niveau national, le nombre de blessés graves selon ce nouveau critère.

L’existence sur la même zone géographique, du registre et du recueil des forces de l’ordre, permet, au moyen d’une méthode de capture/recapture, d’estimer, sur le département du Rhône, le nombre total de blessés de la route, incluant ceux qui ne sont enregistrés par aucune des deux sources. Les coefficients de correction à appliquer aux données des forces de l’ordre du Rhône pour estimer l’ensemble des victimes du Rhône sont transposés sur les données des forces de l’ordre disponibles sur la France entière. Ainsi, grâce à l’existence de ces deux sources de données, il a été possible d’estimer sur 1996-2004 le nombre de blessés graves à l’échelle nationale : en 2004, par exemple, 49 000 vs 17 000 selon les forces de l’ordre. Ce travail a été réalisé dans le cadre d’une thèse soutenue par Emmanuelle Amoros en 2007.

Face à la demande européenne, il s’agit à travers ce nouveau projet, de produire des estimations plus récentes, en tenant compte des évolutions dans les données des forces de l’ordre : changement de définition du blessé grave, éventuelle évolution des pratiques d’enregistrement, etc. Par ailleurs, le bilan de morbidité sera affiné selon diverses caractéristiques telles que l’âge, le sexe et le type d’usager. Les résultats sont très attendus par les pouvoirs publics.

Ce projet est coordonné par Emmanuelle Amoros et Bernard Laumon, en collaboration avec Jean-Louis Martin, Amina Ndiaye et Blandine Gadegbeku (début : novembre 2013, fin : juillet 2015).

Broughton J, Keigan M, Yannis G, Evgenikos P, Chaziris A, Papadimitriou E, Bos N, Hoeglinger S, Pérez K, Amoros E, Hollo P, Tecl J. Estimation of the real number of road casualties in Europe. Safety Science. 2010, 48(3): 365-371.